Psychologie de l'enfant à l'adulte
  
  

Chaque professionnel intervenant dans le maintien à domicile est tenu, à son niveau de compétence, d’observer une obligation de réserve ou de secret professionnel.

En effet, chacun va entrer dans l’intimité du domicile ou de la personne et il est essentiel que ce qui se passe ou se dit au domicile ne soit pas divulgué sauf dans le cadre d’un partage d’informations limité au strict nécessaire entre les différents intervenants pour un même bénéficiaire.

L’intervenant devra :

  • s’efforcer d’établir une relation de confiance et de dialogue avec la personne aidée et son entourage familial et social,
  • solliciter son accord sur l’action à entreprendre et sa collaboration, l’essentiel étant de “faire avec et non à la place”,
  • adopter une attitude générale de respect impliquant réserve et discrétion à tout moment de l’intervention : respect de la personne, de ses droits fondamentaux, respect de ses biens, respect de son espace de vie privée, de son intimité, respect de sa vie privée, respect de sa culture, de son choix de vie.

Il est essentiel de témoigner à la personne âgée et/ou handicapée en perte d’autonomie bienveillance et compréhension en évitant tout ce qui pourrait blesser son amour propre. Il est du devoir de chacun d’être attentif au bien-être du bénéficiaire et au respect de son mode de vie dans les limites du contrat d’engagement

Le travail du psychothérapeute au domicile est singulier comme spécifique et pluriel comme multiple. L’accompagnement ou le soutien psychologique est singulier dans sa réalisation auprès de la personne malade et il devient pluriel auprès de son entourage. Les temps d’écoute se déroulent à deux, à trois…, ils sont singuliers-pluriels.

Par ailleurs, quelques soient les références théoriques du psychothérapeute entendez par là ce avec quoi il pense ce que l’autre dit et ne dit pas, une nécessaire adaptation de sa pratique s’annonce quand il écoute l’autre dans son univers familier.

L’espace peut devenir public par le passage des amis, des voisins, des infirmiers, des aides à domicile, du kiné, du médecin…

Les entretiens peuvent débuter classiquement et peuvent finir à plusieurs : le conjoint est rentré du travail et veut livrer une information importante, les enfants sont de retour de l’école, le médecin n’a pas pu venir à un autre moment et en profite pour discuter auprès du patient avec nous de la pertinence d’un traitement psychotrope…

Comment parmi ce collectif préserver un lieu et un temps duel au patient ? Il nous faut « bricoler » un espace et un temps où la parole puisse quitter le champ social et familier qui permette au patient une élaboration psychique, c’est à dire tenter de donner du sens à ce qui lui arrive. Cela nous semble parfois relever de l’exploit !

Dans l’intimité de son cabinet ou de son bureau, c’est le psychothérapeute qui assigne sa place à celui qui vient le consulter. Ici, les rôles sont inversés : nous sommes invités à nous installer à tel endroit, parfois peu confortable. Il s’instaure pour certains patients une ritualisation de nos visites dans les temps qu’ils nous allouent : « venez après le kiné je suis mieux réveillé et mieux installé au fauteuil », « surtout passez après ma toilette, je suis plus à l’aise pour vous recevoir », dans les places qu’ils nous désignent pour nous asseoir : le bout du lit, le canapé du salon, la chaise …

Après une première rencontre au domicile, le rythme des visites s’effectue en fonction des consultations hospitalières, des séances de chimiothérapie, des visites du médecin, de l’IDE, du kiné et surtout de l’état du patient, de son asthénie et de sa possibilité de rentrer en relation.

Un autre phénomène vient heurter le cadre traditionnel de notre exercice. Dans sa pratique clinique habituelle le psychologue ne sait du patient que ce qu’il veut bien en dire.

Au domicile, Plurielles sont les informations livrées sur lui, sans qu’elles soient portées par le langage : le décor, les objets, les meubles, les photos…Ce fait ne doit pas être ignoré du psychothérapeute mais analysé. Est-ce une aide ou une gêne pour nous ? Quelle(s) incidence(s) sur notre neutralité nécessaire dans ce temps d’écoute et de soutien à l’autre ?

Que faire de ces informations qui peuvent induire chez le psychothérapeute des questions sur l’organisation et l’histoire familiales ? Les verbaliser auprès du patient ou attendre qu’elles surgissent au cours d’un entretien ? Une seule et unique réponse à cette spécificité du domicile n’existe pas. Chaque psychothérapeute devra dans cette rencontre toujours particulière à l’autre y trouver réponse.

La confidentialité du suivi psychologique au domicile ne peut exister puisque nous voyons les proches, nous croisons les autres intervenants ce qui n’est pas le cas dans l’exercice libéral et institutionnel où l’entourage peut rester dans l’ignorance de ce suivi. Nous pouvons nous aider de la pratique en clinique infanto-juvénile pour repérer les incidences éventuelles de cette non confidentialité sur le travail psychique engagé avec le patient. Par exemple, il nous faut compter sur la confiance que nous accordent les parents pour que l’enfant s’autorise à un travail psychique, penser l’élaboration psychique de l’enfant dans une relation triangulaire….

De plus, nous devons partager des informations utiles avec les autres acteurs de soin et l’équipe de coordination du réseau. C’est la notion de « secret partagé » qui est une pratique habituelle pour les psychologues institutionnels mais nouvelle pour les libéraux.

L’information utile est celle qui sert l’amélioration de la qualité de la prise en charge du patient et de son entourage.

Pour ce faire, le temps de présence du psychothérapeute au domicile est parfois temps de remise en circulation d’une parole dans la famille, une parole, parfois entravée par la maladie et le pronostique. Il ré-initie une certaine mobilité psychique dans les échanges familiaux.

Nous accordons une place particulière aux familles avec des enfants ou des adolescents. Il s’agit d’éviter à l’enfant ou l’adolescent des ruptures traumatiques et de les aider dans l’élaboration de l’épreuve qu’ils ont à vivre. Il nous faut leur permettre de maintenir le lien ou de renouer le dialogue avec ses parents. Nous devons favoriser l’expression de leur vécu et des sentiments qui les traversent, permettre qu’une information médicale adaptée leur soit offerte, et soutenir la parentalité. Les adultes se préoccupent de plus en plus de ce qu’il faut

dire à l’enfant et comment le dire. L’accompagnement des enfants se fait très souvent à travers les adultes qu’ils connaissent et les sécurisent. Nous pouvons expliquer aux parents que le temps des enfants et le leur n’est pas basé sur les même rythmes .L’enfant peut être tenu informé du diagnostic et des traitements. La communication devient généralement plus difficile quand l’état de santé du parent se dégrade et que le pronostic vital est engagé. Il est nécessaire de favoriser le maintien d’une relation de confiance avec l’adulte, de ne pas écarter les enfants d’une réalité douloureuse, de les autoriser à ressentir du chagrin, de la détresse et de l’injustice tout comme et en même temps que les adultes

Nous nous substituons jamais aux parents, nous leur permettons de tenir une place fondatrice dans le devenir de leur enfant pour qu’ils puissent expliquer au rythme de leur enfant , en tenant compte de leur âge , de ce qu’ils peuvent entendre et comprendre ce qui survient dans la famille. Vivre des émotions, des sentiments même contradictoires au même moment que les adultes aident les enfants à se repérer et à intégrer ce qui survient